Une enquête publique relative au projet de tour de bureaux « Hélice » dans le secteur du Pont d’Issy vient d’être lancée.
Cette enquête publique se déroulera du 29 janvier au 5 mars 2014 au centre administratif d’Issy-les-Moulineaux (47, avenue du Général Leclerc, service de l’urbanisme, 2ème étage).
Le commissaire enquêteur peut être rencontré :
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Le jeudi 30 janvier, de 16h00 à 19h00
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Le samedi 8 février, de 9 h00 à 12h00
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Le vendredi 14 février, de 9 h00 à 12h00
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Le jeudi 20 février, de 16h00 à 19h00
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Le mercredi 5 mars, de 15h00 à 18h00
A la demande du commissaire enquêteur, quelques éléments du dossier d’enquête ont été mis en ligne sur le site de la ville ; pour les télécharger, cliquer ici.
Vous pourrez aussi lire l’avis plutôt critique de l’Autorité Environnementale de la Préfecture d’Ile-de-France en cliquant ici.
Ce projet de tour s’inscrit dans le programme de trois tours au Pont d’Issy dont on sait qu’il va engendrer de graves nuisances notamment :
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le survol de la ville par les hélicoptères,
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l’augmentation de la circulation automobile dans un secteur déjà saturé tant au niveau des routes que des transports en commun (RER C et T2),
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l’augmentation de la pollution de l’air à cause de la proximité des tours et de l’usine d’incinération Isséane,
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des problèmes de sécurité dus aux perturbations de l’air par les tours (vents violents), …
Il est donc important que les habitants d’Issy concernés s’expriment massivement.
Attention ! l’enquête publique vient d’être prolongée jusqu’au samedi 15 mars, avec un RDV supplémentaire avec le commissaire enquêteur le 15 mars au matin.
L’enquête Publique Tour Hélice s’achève
L’enquête publique s’achève le mercredi 5 mars. Il ne vous reste plus que quelques jours pour déposer vos contributions (au 2ème étage du centre administratif).
Pour vous y aider, ci-dessous l’avis émis par l’association ACTEVI sur ce deuxième projet de tour au pont d’Issy.
« Le projet de ZAC au pont d’Issy est une aberration économique qui prévoit la réalisation de tours de bureaux dans un contexte de crise. La presse a largement relayé les difficultés de l’immobilier de bureaux (voir « le Monde » du 15 11 2013 et « les Echos » du 05 12 2013).
C’est en outre un projet déstructurant dans un environnement où le trafic est déjà aux limites de la saturation aux heures de pointe. Dix mille emplois potentiels sont prévus dont 3200 seraient apportés par la tour Hélice.
Il n’y a donc aucun intérêt général dans ce projet et on peut même s’interroger sur l’intérêt d’une telle opération pour un promoteur privé.
Selon la décision du Conseil municipal du 10 02 2010, le projet doit permettre une opération exemplaire en entrée de ville, répondre aux différents besoins économiques et favoriser l’implantation ou le maintien de sociétés isséennes de grande renommée.
Mais qu’est-ce qu’une opération exemplaire ? La motivation légitime de signaler l’entrée de ville peut être avantageusement réalisée par une architecture plus originale et plus mesurée que la construction de tours. Le besoin économique est incertain. Et déjà, des entreprises se sont plaintes des mauvaises conditions de circulation. Les navettes d’entreprises ont souvent du mal à se frayer un chemin dans le flot des voitures aux heures de pointe.
Le projet de la tour hélice s’inscrit donc dans un contexte économique défavorable qui a déjà conduit à réduire la tour de 20 000 m2 et de 25 m de hauteur.
1) Face à ce projet, les contraintes s’accumulent :
– Contrainte géologique : le sous-sol est formé de terrains instables (remblais et alluvions), puis de craie altérée. La craie peu fracturée est rencontrée à environ 35 m de profondeur. Or il est prévu d’ancrer les fondations dans la craie fragmentée, à 30m environ de profondeur seulement.
Il est étonnant que les fondations n’atteignent pas la craie peu fracturée.
– Contrainte hydrologique avec une nappe proche de la surface et un site dont une partie est en zone rouge du plan de prévention des risques d’inondation (PPRI).
La nappe est à moins de 6m de profondeur, en relation étroite avec la Seine. Les sous-sols ainsi que les rez de chaussée sont disponibles pour l’extension des crues. Six niveaux de parkings ainsi que les commerces et leurs abords sont potentiellement inondables.
Mais il n’y a pas de mesures de surveillance des eaux en lien avec l’imperméabilisation provoquée par les travaux ou les possibilités de pollution.
– Pollution des sols : le secteur a abrité des activités industrielles, anciennes et plus récentes, potentiellement à risques. L’étude d’impact relève :
• Stockage de fuel,
• Groupes électrogènes
• Transformateur
• Soutes à charbon
• Chaudières
• Laboratoires
• Bassin de décantation
• Dépôt d’hydrocarbures.
Mais les analyses effectuées par sondages n’ont pu déterminer si certains sols étaient encore pollués ou avaient déjà été excavés.
On demeure un peu perplexe quant à l’occupation future de bâtiments réalisés sur ces sols pollués.
– nécessité de prendre en compte des réseaux et des équipements existants
Outre un câble électrique souterrain de 63KV et un égout, le site est longé à l’ouest, sous le quai de Stalingrad, par une canalisation de gaz à haute pression.
*canalisation de gaz à haute pression : Dans une lettre de février 2013, l’exploitant de cette canalisation de gaz relève les dangers létaux liés à la réalisation de tours à proximité et son incompatibilité. Il accepterait cependant la mise en place de mesures compensatoires qui réduiraient « la probabilité d’accident sans jamais la supprimer ». Par lettre de novembre 2013, GRTgaz confirme sa lettre précédente mais il admet que sous réserve de la réalisation des mesures compensatoires, le projet devient deviendrait compatible.
On est tout de même un peu inquiet de ce risque d’accident.
*Isséane : Hélice serait situé à 170m au sud de l’usine de traitement des déchets Isséane et à 360m des cheminées de cette usine. Les observations du Syctom, exploitant de l’usine sont très réservées. Par courriers des 28 et 29 novembre 2013, l’exploitant s’inquiète de l’impact du projet de tours sur la dispersion des fumées. Il ne peut donner un avis sur l’adaptation du projet avec le fonctionnement d’Isséane et estime même que le projet « n’apporte pas les garanties suffisantes sur la prise en compte adéquate de la présence de l’usine ».
L’étude d’impact est très brève sur le sujet : « Compte tenu de la distance minimum entre la tour Hélice et les cheminées de l’usine d’incinération de déchets Isséane, qui est de 360m, on considère que la tour ne peut créer d’obstacle à la dispersion des fumées ».
L’affirmation paraît bien catégorique. Qu’en est-il en réalité ?
*L’héliport : le projet de ZAC avec la construction de trois tours influe sur le fonctionnement de l’héliport. Il rend impossible l’atterrissage et le décollage des hélicoptères dans la trajectoire préférentielle, sur le petit bras de la Seine qui représente 70% des mouvements.
La direction générale de l’aviation civile (DGAC) a étudié les possibilités de modifier la trajectoire actuelle. Elle émet un avis défavorable pour un contournement des tours au nord (complexité de pilotage, risque accru) et émet un avis favorable pour un contournement par le sud, c’est-à-dire sur les habitations d’Issy les Moulineaux.
L’étude de bruit conduite par Burgeap/Bruitparif conclut à une augmentation de 2% seulement du nombre d’habitants impactés. Le faible impact de cette modification de trajectoire est une conclusion optimiste qui ne tient pas compte de la réalité.
Cette étude ne tient pas compte de l’hélicoptère de la protection civile, le plus gros, le plus bruyant, qui vole de jour comme de nuit et a représenté près du ¼ du trafic en 2012. En outre elle est basée sur des trajectoires théoriques qui rasent les futures tours à moins de 100m de distance alors que la DGAC demande un contournement de 350m pour la tour Sequana de Bouygues.
Dans un échange de courriers entre la DGAC (http://www.actevi.fr/lists/documents/helicopteres_Pont_Issy_echanges_DGAC_Mairie.pdf), le maire d’Issy-les-Moulineaux donne son autorisation pour le principe d’un contournement par le sud sans que les trajectoires soient précisées.
La DGAC qui a pris soin de préciser que ce contournement était de nature à créer des nuisances a donc toute latitude pour définir, notamment pour des raisons de sécurité, une (ou des) trajectoire(s) plus au sud que celle soumise à BruitParif pour étude. La DGAC s’est d’ailleurs limitée à prendre note de cette étude sans aucunement la valider.
L’étude Burgeap/BruitParif présentée dans le dossier d’enquête publique n’est donc absolument pas pertinente.
Seule une étude basée sur des trajectoires validées par la DGAC et prenant en compte l’ensemble des appareils aurait valeur probante et pourrait être confrontée au Plan d’exposition au bruit.
2) Le projet et sa tour serait compatibles avec les documents d’urbanisme.
Le projet est présenté comme un réaménagement des voiries et parcelles particulièrement intéressant le long des berges de la Seine. Il convient de constater que seules la voirie interne est modifiée, mais pas la rue Rouget de Lisle, qui avec le réaménagement des berges de la Seine risque de devenir une pénétrante attractive.
Les logements sont situés en bordure du T2, contre la voie ferrée. On nous promet un espace ouvert au public, mais fermé entre 1h et 5h du matin, pendant les heures de fermeture du tramway. Cela assure aux résidents 4h de sommeil tranquille par nuit.
La tour s’élève sur 36 étages et atteint une hauteur d’environ 142m, hauteur diminuée d’environ 25m en comparaison du projet initial du fait de la crise.
Elle comporte 6 étages de sous-sol et pourrait accueillir 3200 personnes. Construite en béton, ses façades sont en verre et aluminium.
Remarquons au passage que sa consommation d’énergie primaire de 127,4 kwh Ep/m2/an est loin des prescriptions du Grenelle de l’environnement (entre 50 et 55 kwh)
*Le projet serait compatible avec le PLU. Il majore de 60% l’emprise au sol du bâti par rapport à l’état actuel. Il est en conformité avec l’article UZ9F-7 qui fixe à 1,90m la distance aux limites séparatives pour les constructions comportant des ouvertures et autorise la construction en limite de parcelle s’il n’y a pas d’ouvertures. La distance entre bâtiments non contigus doit être de 8 m minimum.
Les dispositions du PLU sont actuellement contestées. Il conviendra de vérifier la conformité des bâtiments avec le PLU précédent, s’il y avait une annulation.
*Le projet serait compatible avec le SCOT.
« Le territoire d’Issy les Moulineaux figure parmi les secteurs de développement préférentiel du SCOT ». « La réalisation de trois tours de bureaux contribue à la gestion économe du foncier et constitue un geste architectural fort de l’identité urbaine du secteur ». Cette appréciation est à l’évidence purement subjective. Au reste, l’auteur ne se risque pas à élargir cette identité urbaine à l’ensemble de la ville. Par ailleurs la tour de bureaux n’est pas le seul moyen d’un développement préférentiel.
Il est question ensuite des moyens d’amélioration des liaisons le long de la Seine. Mieux vaut en rire. Le commentaire reprend à son compte le réaménagement prévu par le département.
Le projet est en fait tourné uniquement vers la gare et aucun lien n’est établi avec la ville. Cet état de fait se confirme avec l’examen de la circulation piétons où l’on voit que le quartier demeure entièrement clos et dédié à une vie diurne sans véritable insertion à la ville.
*La compatibilité avec le SDRIF n’est pas explicitée.
3) La tour impacte fortement et négativement le site et son environnement.
– L’effet sur l’ensoleillement. Le défaut d’ensoleillement est étudié à trois dates seulement. Sans vouloir tout reprendre, relevons que la tour Hélice impacte le pied des deux autres tours. En d’autres termes, le piéton se promènera à l’ombre.
La zone la plus impactée est le parvis de la gare et l’hôtel Novotel. Et le moment d’impact constaté le plus fort est le 24 juin en fin de journée à 18h. Hélice a une incidence sur la partie ouest de la rue Rouget de Lisle uniquement en été.
L’étude reconnaît qu’en hiver, l’ensoleillement en amont de l’ile Saint Germain disparaît et que l’incidence de l’ombre va au-delà des immeubles tertiaires du quai du Point du Jour à Boulogne.
« L’ombrage porté par la tour sur les espaces périphériques aura un effet relativement peu important vu la distance séparant le projet du principal espace vert d’intérêt, l’ile Saint Germain ».
En dehors du parc, point de soleil !
Il convient de noter l’absence anormale dans le dossier d’enquête d’un avis de la Ville de Boulogne.
– Les effets sur les espèces végétales et la faune. L’étude se borne à l’examen du site uniquement, mais il est affirmé cependant: « Le patrimoine floristique de l’ile Saint Germain ou des berges de la Seine ne sera pas affecté par le projet de tour Hélice ». C’est oublier l’effet de l’ombre portée et du vent sur les berges. Une étude d’impact précédente, faite lors de l’enquête publique concernant la ZAC avait relevé l’existence de frayères. Celles-ci seront certainement impactées.
« A l’inverse, le caractère isolé et calme de l’ile Saint Germain sera pour partie affecté, sans qu’il y ait pour autant de conséquences fortes sur l’avifaune ou la flore eu égard à la fréquentation existant déjà sur l’ile ». Ces propos sont hermétiques pour ne pas dire incompréhensibles (du charabia).
Le projet de tour Hélice reprend les traditionnelles mesures d’éclairage nocturne, léger mais suffisant pour éviter que les oiseaux entrent en collision avec la tour. De toutes façons, la multiplication des tours très hautes de ce secteur limite le risque de créer un point attractif unique pour les oiseaux migrateurs» !
Rappelons que concernant les oiseaux migrateurs, le profil environnemental de la Région Ile de France (cf annexe p. 513) a mis en évidence l’existence d’une continuité biologique passant près du projet.
– Le vent
« Le projet ne génère pas d’impact sensible en ce qui concerne les conditions de ventement au niveau piéton. Il n’est donc pas envisagé de mesures de réduction ou de mesures compensatoires ».
Hélice est une tour qui n’a pas d’effet sur le vent. Ceci reste bien sûr à vérifier surtout dans le couloir de la rue Rouget de Lisle.
L’étude ne se prononce pas sur le vent à hauteur du débouché des cheminées d’Isséane, si bien que le Sytcom n’a pas d’élément lui permettant d’apprécier la possibilité de dispersion des fumées de l’usine.
– L’insertion paysagère
L’étude d’impact tente de nous faire accepter la tour avec des vues comparatives de l’état actuel et du projet. On y apprend que la tour IMEFA52 cache la tour Eiffel, ce que ne fait pas la tour Hélice. La plupart des vues confirment cependant que la tour est un épiphénomène sans lien avec son environnement. La démonstration devient risible quand l’état actuel est présenté en hiver et que le projet est verdoyant (voir p. 412).
L’autorité environnementale a demandé des compléments. Les documents supplémentaires qui ont été apportés ne démontrent pas que la tour a un lien avec la ville. Les photos où elle est mise en valeur sont prises de la Seine. L’objet architectural occulte alors la vision sur la berge sans démontrer son lien avec le milieu urbain.
On peut en conclure que la « requalification » de l’entrée de la ville est un leurre.
– Le raccordement des eaux pluviales
Un stockage de rétention est prévu. Mais on sait que les réseaux à Issy sont facilement saturés lors des fortes pluies entraînant l’inondation de sous-sols de nombreux bâtiments. Le projet ne peut qu’aggraver cette situation.
– Circulation, trafic routier Le diagnostic reconnaît qu’il est dense sur la RD50 : les conditions de circulation sont relativement satisfaisantes même si l’on constate « un fonctionnement en limite de capacité » sur le carrefour Camille Desmoulins.
L’auteur considère que «les voies de circulation sont aujourd’hui suffisamment dimensionnées pour écouler ces trafics ». Mais qu’en sera-t-il demain avec le projet de la ZAC et ses 2000 places de parkings prévus ? Chacun peut en faire actuellement l’expérience en traversant le quartier aux heures de pointe. C’est l’assurance de perdre 1/4 d’heure pour avancer de 300m. Qu’en sera-t-il demain ?
Le projet prévoit que 1260 personnes emprunteront les transports en commun. Or ceux-ci sont également saturés et le R.E.R C toujours en panne.. Aucune étude du STIF en accord avec la RATP n’ a été prévue pour absorber ce flux supplémentaire de voyageurs !? La future gare du Grand Paris Place Léon Blum se situera à 900 m environ.
Pour le trafic routier, selon l’étude d’impact, il suffit de mieux régler les feux ! En outre, « les tours ne seront construites qu’en 2020. Elles seront desservies par le RER C , le tram et le réseau du Grand paris Express (GPE) ».. .dont il est raisonnable de penser qu’il ne sera pas réalisé à cette date.
« Le fait que la gare GPE soit à plus d’un km est une distance aisément parcourue soit par RER soit à pied….. ». Nous sommes rassurés.
Conclusion
Restent les problèmes liés au chantier. L’accès des camions ? Comment se fera-t-il ? Les camions seront-ils interdits aux heures de pointe ? Qu’en est-il de l’évacuation des déchets et gravats ? « Chaque entreprise en assure l’évacuation ». Ceci n’est guère rassurant. N’insistons pas sur le bruit, la poussière…les incidences sur le bâti environnant.
Comment accepter un tel projet qui accumule tous les défauts ?
ACTEVI s’y oppose vigoureusement. »
L’enquête publique vient d’être prolongée de 10 jours, jusqu’au samedi 15 mars, avec un Rdv supplémentaire avec le commissaire enquêteur le 15 mars au matin
Habitant de Boulogne et fréquentant régulièrement l’Ile du Parc Saint-Germain, je suis naturellement opposé à la construction de ces tours aussi inesthétiques qu’économiquement absurdes (stock de bureaux déjà excédentaire). Mais je veux espérer que le Collectif du Pont d’Issy saura trouver les arguments et les modes d’actions .
Vous trouverez ci-après mes observations dans le cadre de l’enquête publique : http://laurentboisseau.com/2014/02/28/enquete-publique-tour-helice/
Pour lequel je concluais :
« De part son impact sur l’image architecturale, les transports, l’environnement et plus généralement la qualité de vie des isséens, ce projet ne privilégie pas l’intérêt général.
Je ne suis donc pas favorable à ce projet. »