Les projets de l’île Seguin : une anomalie

Jean-Marie Blin, président de l’association de défense de l’environnement de Ville-d’Avray (Adevam) publie dans le premier numéro de « 92 Environnement » un article dont nous vous proposons l’extrait qui suit. Nous saluons au passage la naissance de cette nouvelle publication.

« Quatre décisions très importantes viennent un peu plus fragiliser les projets de construction massifs sur l’île Seguin votés par le Conseil municipal de Boulogne fin juin au cours d’une séance particulièrement houleuse.
– La décision du maire de Levallois-Perret de renoncer à la construction de deux tours de grande hauteur dans sa ville face à la mobilisation des habitants.
– La décision du tribunal de Nanterre d’interdire la démolition du quartier des damiers à la Défense sans laquelle les deux tours HERMITAGE de 320 mètres de hauteur ne peuvent plus être construites.
– La décision du maire de Courbevoie de rompre les négociations avec le promoteur de la tour PHARE, dernier projet emblématique du quartier de la Défense.
– Enfin, le Conseil général des Hauts-de-Seine se montre de plus en plus réticent à engager les financements prévus sur l’île et vient d’empêcher la ville de Boulogne de construire l’une des cinq tours que le plan de l’architecte Jean Nouvel a prévues sur l’île, au moment-même ou le maire d’Issy-les-Moulineaux annonce la construction de trois tours de 200 mètres de hauteur dans sa ville hyper-densifiée.
Tout ceci nous porte plus que jamais à agir (…) »

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L’urbanisme de tours et les folies altoséquanaises

Les projets de tours poussent comme des champignons dans les Hauts-de-Seine. Ce thème s’est invité dans les discussions lors de notre fête des « Guinguettes en goguette » au port de Sèvres le 15 octobre dernier, à propos des projets sur l’île Seguin et dans tout le département. André Gattolin, nouveau sénateur EELV des Hauts-de-Seine et invité principal de la fête, animait le débat sur ce thème qu’il connaît bien.

André Gattolin a notamment recueilli l’avis de Michel Cantal-Dupart à ce sujet au cours d’un entretien (à consulter sur http://andregattolin.net/spip.php?article23). L’architecte urbaniste, professeur au CNAM, participe actuellement à un atelier créé dans le cadre du Grand Paris.

M. C-D regroupe la plupart de ses critiques sur les tours autour de la nécessité de donner un sens à de tels choix architecturaux et urbanistiques : la prouesse technique d’une tour qui engendre forcement un surcoût pour la même surface dans des immeubles de faible hauteur ne se justifie que par des exigences de monumentalité.

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L’île Seguin, bataille pour un lieu symbolique

Plusieurs associations, dont Val de Seine Vert, ont introduit un recours gracieux afin que le maire de Boulogne-Billancourt reconsidère son projet de tours élaboré avec l’architecte Jean Nouvel.

Le 3 mai 2011, le commissaire enquêteur chargé de l’enquête publique sur la révision partielle de Plan Local d’Urbanisme (PLU) de Boulogne-Billancourt a donné un avis favorable au projet « Baguet / Nouvel » sur l’île Seguin. Après avoir constaté que sur les 420 avis exprimés, 348 étaient contre le projet et 72 pour, le commissaire écrit : « Je comprends leur réticence à ce projet […] mais la restructuration de l’île créera une dynamique évolutive de bien-être pour toute la population actuelle […] ».

Il s’agit à l’évidence d’une profession de foi ! Le commissaire, comme le maire de Boulogne-Billancourt et la majorité de son conseil sont partisans de faire de l’île le « premier cluster culturel du Grand Paris » pour reprendre les termes des luxueuses brochures produites par la société d’économie mixte chargée de son aménagement.

Ce qu’ils oublient

Ces brochures publicitaires, bilingues, mélangent habilement la réalité et la fiction pour faire croire que le projet est irrémédiablement engagé. Les associations qui accompagnent depuis le début les réflexions menées sur l’urbanisation du 8ème quartier de Boulogne-Billancourt, le fameux « G8 », ne sont pas d’accord. Plusieurs d’entre elles, dont Val de Seine Vert, ont mandaté l’avocat Pierre Gaborit afin de demander au maire de reconsidérer son projet. Si ce dernier ne veut toujours pas nous répondre, la seule solution qui restera aux associations sera de saisir le tribunal administratif de Cergy-Pontoise.

L’ampleur de la mobilisation

Pendant ce temps, la contestation s’organise et les riverains rejoignent les associations de défense de l’environnement. Le blog « Sauvons l’île Seguin » et la forte mobilisation lors du conseil municipal du 16 juin, qui a vu l’adoption du PLU modifié par le conseil municipal, sont deux bons exemples de ce qui peut être fait « sur le terrain ». Les chèques de soutien que nous recevons afin de nous permettre de payer notre avocat est également un indicateur de la détermination de tous les défenseurs de l’environnement. Il est indispensable d’amplifier encore cette mobilisation en démontrant que l’aménagement de l’île Seguin a valeur de symbole et concerne les Franciliens, bien au-delà du Val de Seine.

Alain Mathioudakis et Luc Blanchard, association Val de Seine Vert

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